« Tout retard dans la rénovation ou l'entretien des écoles à Marseille peut avoir des conséquences graves »

Article de Christophe Casanova pour La Marseillaise, lundi 25 mars 2019, http://www.lamarseillaise.fr/marseille/education/75579-ecoles-de-marseille-la-ville-doit-prendre-ses-responsabilites

Le lundi 1er avril, les élus d’opposition, Benoit Payan (PS) et Jean-Marc Coppola (PCF), vont soumettre au conseil municipal une délibération sur la rénovation des écoles. Entretien croisé.

Après l’annulation en justice de la délibération sur le Partenariat public privé (PPP) pour rénover 34 écoles GEEP suite à un recours du collectif acontre les PPP, devenu aujourd’hui Collectif pour la rénovation des écoles, le combat continue à Marseille. Alors qu’un audit des écoles a été amendé dans la loi « Pour une école de la confiance » par la députée LREM, Cathy racon-Bouzon (lire son entretien ici), des élus d’opposition marseillais présenteront au prochain conseil municipal une délibération « populaire et citoyenne » portée par une sur la base de la pétition citoyenne lancée l’an dernier sur le site change.org et signée à ce jour par près de 13 500 citoyens.

Pourquoi avoir relancé votre campagne pour la pétition sur les réseaux sociaux ?

Benoit Payan : Il faut revenir à la génèse déjà : on a fait cette pétition et la délibération attenante afin que les Marseillais par le truchement du règlement du conseil municipal, déposent une délibération ” populaire et citoyenne “. On s’y prononce contre le Partenariat public privé voulu par la Ville et on lui demande d’entamer immédiatement la rénovation des écoles. La règle veut qu’il y ait 10.000 Marseillais signataires.. On les a et on le fera donc le 1er avril… 
Jean-Marc Coppola : Elle a connu un succès en ligne et dans sa version papier maintenant avec plus de 13500 signatures. Entre les signatures en ligne et papier, on devrait en présenter près de 15 000. Cela montre le soutien et la mobilisation autour de cette question et on veut encore l’amplifier. Car au-delà de sa prise en compte ou non par le maire, il faut entendre cette exigence citoyenne très forte.

coppola payan

Depuis les choses ont évolué, avec la décision du tribunal sur le PPP ?

B. P. : Oui, le tribunal l’a jugé illégal, donc on n’en parle plus, cet aspect a été gagné de manière judiciaire. Ce serait bien de l’acter en conseil municipal mais pour le reste on repart à zéro. 

J-M. C. : Après 24 années de laxisme, il y a urgence à rénover. On a perdu trop de temps et cette urgence va au-delà de ces écoles qui ne représentaient que 10 % des établissements marseillais et 9 arrondissements sur 16.
B. P. : La délibération demande un audit rapide et une rénovation immédiate des écoles qui en ont le plus besoin. La mairie était prête à injecter 1 milliard d’euros pour 34 écoles, il n’y a pas de raison pour que l’on ne mette pas tout de suite quelques millions pour les travaux d’urgence.
On ne doit plus attendre, se cacher derrière des délibérations, des écrans de fumée judiciaires, des appels qui n’aboutiront pas. Quand on est maire ou adjoint au maire de Marseille depuis 25 ans, on doit prendre ses responsabilités.
J-M. C. : Ne pas considérer l’école, c’est ne pas reconnaître les enfants. La question de la considération que l’on a pour les enfants à Marseille est posée. Cela doit être une priorité.

Selon vous pourquoi rien n’est fait ?

B. P. : Parce que ce n’est pas une priorité. Parce que la mairie a fait de sa politique, une politique spectacle où l’on vend Marseille sur du papier glacé. où l’on fait une patinoire olympique, où l’on mise tout sur les croisiéristes, où l’on nous fait croire que le Stade Vélodrome est la 8e merveille du monde. Mais l’essentiel n’est pas traité. On ne fait pas une ville pour les habitants, on la fait pour qu’elle brille sur des magazines.
J-M. C. : L’équipe actuelle n’a pas une vision d’avenir pour les Marseillais. Elle est dans une logique de recomposition, elle cherche à attirer ceux qui l’intéressent sur une base électoraliste. Nous pensons au contraire que tous les Marseillais, quel que soit l’endroit où ils habitent, doivent être considérés de la même façon. Ce qui revient à lutter contre cette inégalité qui caractérise la ville et qui fait aussi le lit de ceux qui sont dans la ségrégation, la xénophobie, la discrimination. Nous voulons une ville égalitaire, fraternelle, solidaire et nous nous devons de traiter toutes les écoles publiques de la même façon.

Un audit des écoles est inscrit dans la loi pour une école de la confiance. Vous en pensez quoi ?

B. P. : On va attendre que ce soit voté… On est en première lecture, je ne sais pas si le Sénat va la voter conforme, si ce n’est pas le cas il y aura une navette, avec une deuxième lecture à l’assemblée nationale qui peut avoir le dernier mot, et ensuite il y aura la commission mixte paritaire. Cet amendement a encore beaucoup de chemin à parcourir.
J-M. C. :
C’est ce que je demande avec mes camarades communistes et du Front de Gauche depuis des années à travers un plan pluriannuel d’investissement, c’est bien qu’aujourd’hui, des institutions d’état que ce soit le Rectorat, via la direction académique, ou le Préfet s’en empare. J’ai envie de dire, il n’est jamais trop tard pour bien faire, même si l’Etat avait déjà une responsabilité. Tant mieux donc, cela veut dire que quelque part, les mobilisations qui existent autour de l’école, le jugement du tribunal administratif, font bouger un peu les lignes. Mais il y a une véritable urgence à agir. On ne peut pas attendre la fin du mandat, l’appel, ou je ne sais quoi. Je ne veux pas faire de parallèle osé et déplacé par rapport à l’habitat indigne et le drame de la rue d’Aubagne, mais en même temps mesurons bien que tout retard qu’il y a dans la rénovation, dans l’entretien, la maintenance des écoles publiques à Marseille est préjudiciable et peut avoir des conséquences graves. On ne peut pas avoir comme image Marseille attractives sur des activités de pointes etc… et même temps avoir des écoles publiques en décrépitudes.

Vous pensez que l’état doit prendre la main ?

B. P. : Il doit y avoir à un moment donné, des gens qui se mettent autour de la table. Chacun ne peut pas se renvoyer les responsabilités. Il faut qu’il y ait l’Etat, la mairie de Marseille, peut-être les autres institutions, mais il faut un plan d’urgence, il faut quelque chose à la dimension de la situation. J’aimerai que la majorité prenne ses responsabilités parce que c’est sa compétence. Et lorsque l’on est compétent et responsable, on est le premier au front. Force est de constater que la mairie n’y est pas. Elle a perdu devant le tribunal administratif sur les PPP et elle ne bouge plus…

Ch. C.