Marseille: Après l’opposition et les parents d’élèves, les architectes vent debout contre les reconstructions d’écoles

CONSTRUCTION La mairie de Marseille a recours à un partenariat public privé pour la reconstruction d’une trentaine d’écoles…

par Adrien Max pour 20 Minutes Marseille — 

Ça commence à faire beaucoup. Après les élus d’opposition, le personnel éducatif, puis les parents d’élèves, le syndicat d’architecture des Bouches-du-Rhône, et plus globalement l’ensemble des maîtres d’œuvre, se positionnent fermement face au partenariat public privé. La mairie de Marseille a voté le 13 octobre 2017 une délibération en ce sens visant à reconstruire 32 écoles pour un montant de plus d’un milliard d’euros.

Depuis, le syndicat d’architecture, ainsi que d’autres opposants comme le collectif Marseille contre les PPP, des syndicats de l’enseignement, et des organisations du BTP réclament une entrevue avec le maire Jean-Claude Gaudin, sans succès. Ils ont donc déposé un recours contentieux au tribunal administratif pour faire invalider la délibération.

« A Marseille on fait les conneries après tout le monde »

« Que ce soit à l’échelle locale, nationale et européenne, les PPP sont décriés de toute part. Même la Commission européenne a demandé l’abandon des PPP. Sauf qu’à Marseille on fait les conneries après tout le monde », peste Maxime Repaux, en charge de la commission PPP au syndicat d’architecture.

Dans leur viseur, plusieurs aspects les font bondir. « C’est la première fois qu’on voit un investissement aussi important sans diagnostic et sans études de faisabilité préalable, on croit marcher sur la tête. Du coup, l’hypothèse d’une réhabilitation lourde de ces écoles, plutôt qu’une destruction, puis une reconstruction, qui pourrait faire économiser de 30 à 40 %, n’a pas été étudiée », détaille Patrick Verbauwen, président du syndicat.

Une économie qui permettrait de prendre en compte plus d’écoles que les 32 concernées. « La mairie parle de plan Marshall des écoles, mais seulement 32 sont concernées sur près de 440 dans la ville, aucun diagnostic n’a été fait dans les autres », recontextualise Maxime Repaux.

90 millions d’euros de plus

Ils souhaiteraient que la mairie revoie sa position et choisisse une maîtrise d’ouvrage partagée pour de multiples raisons. « Dans ce cadre le contrat est passé avec la ville, le maître d’ouvrage défend la ville et donc l’intérêt commun. Avec les PPP le contrat est passé avec une entreprise privée, dont nous devons être aux ordres », regrette le président du syndicat. « Le PPP engage un programme de type d’école sur 25 ans. Or la réglementation ne cesse d’évoluer en matière de norme, et l’utilisation pourrait changer avec les usages numériques, la pédagogie », ajoute Maxime Repaux.

Sans parler de tous les conseils dont s’est entourée la mairie pour faire le choix du PPP ou non, « largement acquis au PPP », selon les deux membres du syndicat. L’argument financier ne tiendrait pas non plus : « La ville ne veut pas s’occuper des écoles, sinon elle ne l’aurait pas fait au bout de cinq mandats. C’est une solution qui a été décidée dans l’urgence après le scandale de l’état des écoles », considère Maxime Repaux. Surtout, selon leur calcul, le PPP pourrait coûter jusqu’à 90 millions d’euros de plus qu’une maîtrise d’ouvrage partagée. Les TPE et PME ne seraient pas en mesure de répondre aux appels d’offres, réservés aux mastodontes du BTP dans le cadre des PPP.

De son côté, la ville n’a pas souhaité réagir. « Un plan de communication est prévu dans les semaines à venir », explique-t-on.