La fin programmée des ruineux partenariats public-privé

Après une vague de partenariats public-privé dans les années 2000, les autorités britanniques ont renoncé à ce mécanisme, jugé trop cher.

Article paru dans Le Monde le 9 septembre
Par Eric Albert Londres, correspondance , le site en ligne : https://www.lemonde.fr/economie/article/2018/09/09/la-fin-programmee-des-ruineux-partenariats-public-prive_5352648_3234.html

Le résultat immédiat a été positif. Le Royaume-Uni a bénéficié de la construction de nombreuses nouvelles infrastructures. Mais aujourd’hui, l’heure du remboursement est arrivée et la facture est salée. En 2017, les autorités britanniques ont dû verser un peu plus de 10 milliards de livres en intérêts.

199 milliards de livres

Même si aucun nouveau PPP n’est signé, les traites resteront à peu près au même niveau jusqu’au début des années 2030, puis se réduiront progressivement jusqu’aux années 2040. Au total, il faudra verser 199 milliards de livres, selon un rapport du National Audit Office, l’équivalent de la Cour des comptes.

Dans le meilleur des cas – si la construction se passe bien et que le contrat de maintenance est raisonnable –, la collectivité publique paye le projet plus cher que si elle l’avait financée elle-même, tout simplement parce que l’Etat peut emprunter à un taux moins élevé (de 3 % à 4 % en moyenne) qu’une entreprise privée (de 7 % à 8 % pour la moyenne des PPP). Dans le pire des cas, les dérives peuvent être catastrophiques. M. Whitfield a comptabilisé 74 PPP – environ 10 % du total – qui se sont effondrés et que l’Etat a dû secourir , en moyenne au bout de neuf ans. Coût des sauvetages : 7,5 milliards de livres.

Sans le dire officiellement, les autorités britanniques ont tiré les leçons de ces dérives, renonçant à ce mécanisme : un seul PPP a été signé en 2017, contre plus d’une cinquantaine par an à leur pic, il y a dix ans.