Charlotte Magri : « Un mépris profond pour une catégorie de la population marseillaise »

Article de Christophe Casanova pour La Marseillaise, le mardi 2 avril 2019 : http://www.lamarseillaise.fr/marseille/education/75719-charlotte-magri-un-mepris-profond-pour-une-categorie-de-la-population-marseillaise

Trois ans ont passé depuis la lettre ouverte adressée par Charlotte Magri, alors enseignante dans les quartiers Nord de Marseille, à Najat Vallaud-Belkacem, alors Ministre de l'éducation nationale.

Trois ans ont passé depuis la lettre ouverte adressée par Charlotte Magri, alors enseignante dans les quartiers Nord de Marseille, à Najat Vallaud-Belkacem, alors Ministre de l’éducation nationale.

Trois ans après sa lettre ouverte tirant la sonnette d’alarme sur l’état de délabrement de son école, Charlotte Magri a quitté l’Education nationale mais reste attentive à la situation des écoles marseillaises.

Elle a quitté l’éducation nationale à la rentrée 2016. Mais ce changement d’air après dix années dans l’enseignement était déjà acté lorsqu’elle adressa en novembre 2015 sa lettre ouverte à Najat Vallaud-Belkacem, alors Ministre de l’éducation nationale. Depuis, trois ans ont passé. Mais malgré l’intervention de l’Etat, un audit, quelques travaux d’urgence et un partenariat public privé rejeté par la justice, un sentiment demeure. Celui que rien n’a vraiment avancé.

Pourquoi avoir quitté l’éducation nationale ?

Charlotte Magri : Déjà, je n’avais pas assez de temps et d’énergie pour les pratiques artistiques que je développe aujourd’hui. Puis il y avait une forme d’usure. Pas au sens où le métier ne m’intéressait plus mais je n’avais plus la même fraîcheur vis à vis de mes élèves… J’arrivais au bout de ce que j’étais capable de faire dans ce contexte là.

Comment jugez-vous l’épisode de la lettre et ce qui a suivi ?

C. M. : ça a clos dix ans de ma vie. Après, mon initiative, et la manière dont j’ai essayé de la défendre, n’a été qu’un petit maillon dans une très longue chaîne de lutte. Ni plus ni moins que ça. D’ailleurs on voit que cette chaîne continue à se construire, beaucoup poussent encore dans cette direction.

Vous suivez ce qui se passe dans les écoles de Marseille ?

C. M. : Oui mais j’ai une vision moins centrée sur l’école. Je regarde ça plus largement, à travers les mobilisations citoyennes qui émergent face la mauvaise gestion municipale, avec l’espoir que ça change. J’espère que l’on va arriver à un point de rupture. Je me demande combien de temps encore, l’État français va tolérer qu’il y ait des pratiques mafieuses, le clientélisme en est l’illustration, indignes et criminelles dans la 2e ville de France ? Je me demande combien de temps, nous, les électeurs, allons laisser la porte du pouvoir ouverte à des personnes qui ne respectent ni la vie, ni les enfants, ni les valeurs fondamentales qui peuvent nous permettre de nous rassembler ?

Sur la question des écoles, vous n’avez pas le sentiment que trois ans après, on en est toujours au même point ?

C. M. : Bien sûr, on demande aujourd’hui les mêmes choses qu’en 2016. Après, le fait que le PPP ait été retoqué, que l’on parle diagnostic alors que l’on m’avait répondu par du mépris et du dédain, montre que ça avance. Les responsables politiques se sentent obligés de répondre. Et même si la réponse est insuffisante, c’est une manière de prendre acte.

Cathy Racon-Bouzon (LREM) souhaite « un rapport exhaustif et garanti par des experts » pour les écoles marseillaises

De quel genre de mépris parlez-vous ?

C. M. : M. Gaudin et des proches ont eu des propos méprisants et insultants, voire même injurieux vis à vis des enfants des quartiers Nord, avec un imaginaire de voyous, de kalachnikov, comme s’ils étaient tous délinquants. A mon égard, c’était disproportionné. On peut ne pas être d’accord, argumenter… mais ça a basculé. Il y avait une part de posture. Mais je me l’explique surtout par un mépris profond pour une catégorie de la population marseillaise et par un rapport à l’électorat qui n’est pas ancré dans des valeurs démocratiques. On n’a pas affaire des responsables politiques qui œuvrent pour le bien commun. On reste dans une approche hiérarchique, où ceux qui ont le pouvoir se permettent de se montrer méprisants vis à vis d’une bonne partie leurs administrés. C’est pourtant le fondement de leur légitimité dans leur accession au responsabilité politiques.

Au niveau de l’éducation nationale vous vous êtes sentie soutenue, accompagnée ? L’état des écoles concerne aussi les gens qui travaillent ?

C. M. : Au niveau de l’académie, les personnes ont fini par me recevoir et se sont montrées assez gênées, mal à l’aise par rapport à leur posture. Au niveau de la hiérarchie directe, je n’ai absolument pas eu de soutien. Aucun. Jusqu’au jour où c’est devenu une affaire nationale. Là, les discours ont changé.

Vous avez le sentiment d’avoir été un peu une lanceuse d’alerte ?

C. M. : Oui et non. Je n’ai rien écris ou dit qui n’était déjà su. Y compris des journalistes. Certains m’ont d’ailleurs remercié de leur avoir donné l’occasion de parler de ça… Parce que dans certaines rédaction, si ce n’est pas l’actu on ne peut pas caser le sujet même si il vous semble important.Après par rapport à la posture du corps enseignant, il y a eu cet effet là.Parce qu’il y avait quand même un tabou, en tous cas je l’ai ressenti comme ça, ou une mauvaise interprétation du devoir de réserve.

On a vu dernièrement encore des enseignants manifester avec une croix sur la bouche ?

C. M. : A partir du moment où l’on peut sortir dans la rue et le manifester, c’est déjà une étape. Après c’est très difficile. J’ai eu des menaces à l’époque.On ne renouvellera pas votre poste etc… Tout passe par l’administration lorsque l’on est enseignant. Il faut que l’on demande et que ce soit validé. Si vous êtes blacklisté, beaucoup de choses deviennent compliquées.

Du coup on a le sentiment que le corps enseignant ne s’exprime pas vraiment. Quand on voit des plafonds qui s’écroulent dans les écoles, on entend surtout les parents d’élèves ?

C. M. : Je ne vais pas généraliser mais c’est vrai qu’à part des personnes impliquées avec des profils militants… Mais je comprends totalement la difficulté de la prise de parole. D’autant plus, qu’entre guillemets, j’en ai fait les frais. C’est dur, ce que l’on prend en retour peut être violent mais il y a malgré tout des enseignants qui prennent la parole et qui assument. A l’époque, j’ai vu le changement autour de moi. C’était peut-être lié à mon équipe aussi. J’ai croisé des enseignants qui m’ont dit « Merci Charlotte ». C’était quand même un soulagement.Si il y avait ce ressenti, c’est qu’il y avait un besoin de parler. Après, il faut que parents et enseignants arrivent à se sentir comme des partenaires qui ont font face aux mêmes problèmes. Et ceci en dehors des moments où le sentiment d’urgence est suffisamment fort pour que chacun s’autorise à prendre des risques. C’est le genre de changement qui prend du temps.

« Tout retard dans la rénovation ou l'entretien des écoles à Marseille peut avoir des conséquences graves »

Article de Christophe Casanova pour La Marseillaise, lundi 25 mars 2019, http://www.lamarseillaise.fr/marseille/education/75579-ecoles-de-marseille-la-ville-doit-prendre-ses-responsabilites

Le lundi 1er avril, les élus d’opposition, Benoit Payan (PS) et Jean-Marc Coppola (PCF), vont soumettre au conseil municipal une délibération sur la rénovation des écoles. Entretien croisé.

Après l’annulation en justice de la délibération sur le Partenariat public privé (PPP) pour rénover 34 écoles GEEP suite à un recours du collectif acontre les PPP, devenu aujourd’hui Collectif pour la rénovation des écoles, le combat continue à Marseille. Alors qu’un audit des écoles a été amendé dans la loi « Pour une école de la confiance » par la députée LREM, Cathy racon-Bouzon (lire son entretien ici), des élus d’opposition marseillais présenteront au prochain conseil municipal une délibération « populaire et citoyenne » portée par une sur la base de la pétition citoyenne lancée l’an dernier sur le site change.org et signée à ce jour par près de 13 500 citoyens.

Pourquoi avoir relancé votre campagne pour la pétition sur les réseaux sociaux ?

Benoit Payan : Il faut revenir à la génèse déjà : on a fait cette pétition et la délibération attenante afin que les Marseillais par le truchement du règlement du conseil municipal, déposent une délibération  » populaire et citoyenne « . On s’y prononce contre le Partenariat public privé voulu par la Ville et on lui demande d’entamer immédiatement la rénovation des écoles. La règle veut qu’il y ait 10.000 Marseillais signataires.. On les a et on le fera donc le 1er avril… 
Jean-Marc Coppola : Elle a connu un succès en ligne et dans sa version papier maintenant avec plus de 13500 signatures. Entre les signatures en ligne et papier, on devrait en présenter près de 15 000. Cela montre le soutien et la mobilisation autour de cette question et on veut encore l’amplifier. Car au-delà de sa prise en compte ou non par le maire, il faut entendre cette exigence citoyenne très forte.

coppola payan

Depuis les choses ont évolué, avec la décision du tribunal sur le PPP ?

B. P. : Oui, le tribunal l’a jugé illégal, donc on n’en parle plus, cet aspect a été gagné de manière judiciaire. Ce serait bien de l’acter en conseil municipal mais pour le reste on repart à zéro. 

J-M. C. : Après 24 années de laxisme, il y a urgence à rénover. On a perdu trop de temps et cette urgence va au-delà de ces écoles qui ne représentaient que 10 % des établissements marseillais et 9 arrondissements sur 16.
B. P. : La délibération demande un audit rapide et une rénovation immédiate des écoles qui en ont le plus besoin. La mairie était prête à injecter 1 milliard d’euros pour 34 écoles, il n’y a pas de raison pour que l’on ne mette pas tout de suite quelques millions pour les travaux d’urgence.
On ne doit plus attendre, se cacher derrière des délibérations, des écrans de fumée judiciaires, des appels qui n’aboutiront pas. Quand on est maire ou adjoint au maire de Marseille depuis 25 ans, on doit prendre ses responsabilités.
J-M. C. : Ne pas considérer l’école, c’est ne pas reconnaître les enfants. La question de la considération que l’on a pour les enfants à Marseille est posée. Cela doit être une priorité.

Selon vous pourquoi rien n’est fait ?

B. P. : Parce que ce n’est pas une priorité. Parce que la mairie a fait de sa politique, une politique spectacle où l’on vend Marseille sur du papier glacé. où l’on fait une patinoire olympique, où l’on mise tout sur les croisiéristes, où l’on nous fait croire que le Stade Vélodrome est la 8e merveille du monde. Mais l’essentiel n’est pas traité. On ne fait pas une ville pour les habitants, on la fait pour qu’elle brille sur des magazines.
J-M. C. : L’équipe actuelle n’a pas une vision d’avenir pour les Marseillais. Elle est dans une logique de recomposition, elle cherche à attirer ceux qui l’intéressent sur une base électoraliste. Nous pensons au contraire que tous les Marseillais, quel que soit l’endroit où ils habitent, doivent être considérés de la même façon. Ce qui revient à lutter contre cette inégalité qui caractérise la ville et qui fait aussi le lit de ceux qui sont dans la ségrégation, la xénophobie, la discrimination. Nous voulons une ville égalitaire, fraternelle, solidaire et nous nous devons de traiter toutes les écoles publiques de la même façon.

Un audit des écoles est inscrit dans la loi pour une école de la confiance. Vous en pensez quoi ?

B. P. : On va attendre que ce soit voté… On est en première lecture, je ne sais pas si le Sénat va la voter conforme, si ce n’est pas le cas il y aura une navette, avec une deuxième lecture à l’assemblée nationale qui peut avoir le dernier mot, et ensuite il y aura la commission mixte paritaire. Cet amendement a encore beaucoup de chemin à parcourir.
J-M. C. :
C’est ce que je demande avec mes camarades communistes et du Front de Gauche depuis des années à travers un plan pluriannuel d’investissement, c’est bien qu’aujourd’hui, des institutions d’état que ce soit le Rectorat, via la direction académique, ou le Préfet s’en empare. J’ai envie de dire, il n’est jamais trop tard pour bien faire, même si l’Etat avait déjà une responsabilité. Tant mieux donc, cela veut dire que quelque part, les mobilisations qui existent autour de l’école, le jugement du tribunal administratif, font bouger un peu les lignes. Mais il y a une véritable urgence à agir. On ne peut pas attendre la fin du mandat, l’appel, ou je ne sais quoi. Je ne veux pas faire de parallèle osé et déplacé par rapport à l’habitat indigne et le drame de la rue d’Aubagne, mais en même temps mesurons bien que tout retard qu’il y a dans la rénovation, dans l’entretien, la maintenance des écoles publiques à Marseille est préjudiciable et peut avoir des conséquences graves. On ne peut pas avoir comme image Marseille attractives sur des activités de pointes etc… et même temps avoir des écoles publiques en décrépitudes.

Vous pensez que l’état doit prendre la main ?

B. P. : Il doit y avoir à un moment donné, des gens qui se mettent autour de la table. Chacun ne peut pas se renvoyer les responsabilités. Il faut qu’il y ait l’Etat, la mairie de Marseille, peut-être les autres institutions, mais il faut un plan d’urgence, il faut quelque chose à la dimension de la situation. J’aimerai que la majorité prenne ses responsabilités parce que c’est sa compétence. Et lorsque l’on est compétent et responsable, on est le premier au front. Force est de constater que la mairie n’y est pas. Elle a perdu devant le tribunal administratif sur les PPP et elle ne bouge plus…

Ch. C.

À Marseille, le collectif Pour la Rénovation des Ecoles veut être associé au projet

Écrit par Christophe Casanova, pour La Marseillaise, le jeudi 14 mars 2019, http://www.lamarseillaise.fr/marseille/education/75437-a-marseille-le-collectif-pour-la-renovation-des-ecoles-veut-etre-associe-au-projet

Loin de la philosophie du PPP, le collectif PRé estime que le projet de rénovation des écoles doit être porté par les préoccupations des citoyens.
Loin de la philosophie du PPP, le collectif PRé estime que le projet de rénovation des écoles doit être porté par les préoccupations des citoyens. Photo archives LM

Un mois après avoir obtenu l’annulation en justice de la délibération du conseil municipal sur le partenariat public-privé, le collectif Pour la Rénovation des écoles poursuit son action.

La satisfaction était palpable mardi dans la maison du syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône. Il faut dire que pour le collectif opposé au partenariat public-privé (PPP) voulue par la municipalité Gaudin pour rénover 34 écoles, les motifs ne manquent pas depuis l’annulation de ce projet, le 12 février : « Modification de l’algorithme du logiciel de calcul des PPP du ministère de l’économie ; amendement à l’assemblée nationale ; réponse favorable de la Ville à la demande d’audit des services de l’éducation nationale (DSDEN). »

« Quelque chose d’utile »

« Un enterrement en première classe » se félicitent Pierre-Marie Ganozzi (FSU) et le collectif, qui entendent désormais passer à l’étape suivante : la rénovation de toutes les écoles. Au-delà de la symbolique du nom, le collectif No-PPP devient le collectif PRé (Pour la Rénovation des écoles) avec l’idée que « tout cela est inédit et doit déboucher sur quelque chose d’utile ».
Une projection qui passe, a court terme, par « cette cellule en cours de création au sein de la DSDEN » pour piloter l’audit. Du côté de la DSDEN, si on réfute le terme de cellule, assurant que « l’on travaille sur ces questions depuis plusieurs années », le dossier est confié à Jacques Flodrops, directeur académique adjoint. Le collectif PRé veut y être associé, notamment les parents d’élèves, qui ont déjà entamé un travail de collecte dans les écoles ; le syndicat des architectes, qui propose une méthodologie pour la réalisation d’un véritable audit technique et les représentants des enseignants.
L’échéance du 1er avril, date du prochain conseil municipal, est aussi dans les têtes. Les élus d’opposition Benoit Payan (PS) et Jean-Marc Coppola (PCF) y présenteront une délibération sur la base de la pétition « face à la privatisation de nos écoles, un autre projet est possible ! ». à ce jour presque 11 500 personnes l’ont signée*.
Viendra ensuite le temps législatif avec le passage devant le Sénat, courant avril, de l’amendement glissé par la députée (LREM) Cathy Racon-Bouzon dans la loi « pour une école de la confiance » D’ici là, la Ville aura sans doute clarifié ses intentions. L’appel (non suspensif) de la décision de justice n’a pas encore été déposé. La mairie a jusqu’au 13 avril pour le faire.

Ch. C.

Cathy Racon-Bouzon (LREM) souhaite « un rapport exhaustif et garanti par des experts » pour les écoles marseillaises

Écrit par Christophe Casanova, pour La Marseillaise, le dimanche 17 mars 2019, http://www.lamarseillaise.fr/marseille/education/75480-la-deputee-cathy-racon-bouzon-lrem-souhaite-un-rapport-exhaustif-et-garanti-par-des-experts-pour-les-ecoles-marseillaises

Cathy Racon-Bouzon (LREM) souhaite « un rapport exhaustif et garanti par des experts » pour les écoles marseillaises

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La députée marseillaise Cathy Racon-Bouzon (LREM) a déposé le 15 février à l’assemblée nationale un amendement lors de l’examen de la loi « pour une école de la confiance » qui sera débattue au Sénat, fin avril. Elle y demande un état des lieux du bâti des écoles de la Ville de Marseille qui doit être rendu dans un rapport au 30 septembre septembre.

Le PPP enterré le 12 février dernier, la question de la rénovation des écoles va revenir le 1er avril sur la table du conseil municipal de Marseille. Au menu, une délibération portée par les élus d’opposition Jean-Marc Coppola (PC) et Benoit Payan (PS) sur la base de la pétition citoyenne lancée l’an dernier sur le site change.org.

De son côté le travail legislatif amorcé à l’Assemblée par la députée (LREM) Cathy-Racon Bouzon suit son court. « S’il y avait besoin de mettre dans le projet de Loi de finances 2020 un budget sur cette question, il était bon d’avoir des premières pistes avant octobre » justifie-t-elle. Aux inquiétudes du collectif anti-PPP, devenu le collectif PRE (Pour La rénovation des Ecoles) qui a mis en échec à la barre du tribunal administratif le Partenariat Public Privé à un milliard d’euros pour la rénovation de 34 école GEEP choisi par la municipalité, elle répond aussi que le « recensement » demandé par l’état aux directeurs d’école doit être décorrelé de ce rapport.

Cette enquête demandée par les services de la direction académique permettra « peut-être de circonscrire le périmètre d’action (…) » explique la députée : « Je ne vais pas imposer une méthodologie au gouvernement, mais je souhaite un rapport exhaustif et garanti par des experts ». « Il faut un plan construit, savoir où est l’urgence ». Un plan inscrit dans « un budget prioritaire de la municipalité » quitte « à faire appel à d’autres collectivités ou à l’état ». Avec plus que tout, cette fois, la nécessité d’obtenir un résultat.

Cathy Racon-Bouzon, pourquoi avoir choisi de mettre cet amendement sur les écoles marseillaises dans la loi  » pour une école de la confiance  » ?

Cet amendement arrive après plusieurs mois de travail et de réflexion avec les services de l’Etat et de la Mairie. Initialement, la réflexion est partie de l’audit que nous avons mené avec mes collègues députés de la République en Marche sur le PPP. Il nous semblait important avant de pouvoir prendre une position affirmée de discuter avec différents acteurs qui étaient contre cette forme de montage, et voir comment tout cela avait vu le jour. Il nous est apparu qu’il y avait une erreur de raisonnement dans la démarche : le choix des écoles était construit sur un a priori sur ces 34 écoles GEEP qui peuvent constituer un danger, je ne le nie pas car elles ont des particularités qui méritent qu’on se pose effectivement la question. Mais en tous cas, rien ne laissait penser que sur le parc des 445 écoles marseillaises, elles étaient prioritairement concernées par une rénovation urgente. Suite à cela, on a appelé de nos vœux un diagnostic des écoles auprès de la mairie, de l’Etat.

Que s’est-il passé ensuite ?

Les choses n’ont pas vraiment bougé, en tous cas du côté de la Mairie. J’ai donc sollicité plus précisément le recteur et le Préfet qui ont conjointement convenu qu’il fallait que l’Etat fasse une proposition d’accompagnement à la Ville sur ces questions. Un peu de la même manière que dans la gestion de l’urgence, l’Etat a apporté son soutien à la ville sur la question du logement. Evidemment on n’est pas sur les mêmes enjeux et situations d’urgence mais néanmoins, avant que l’on en arrive à des situations qui pourraient être catastrophiques, l’Etat s’est senti concerné. D’autant plus que dans certaines écoles, on peut se poser la question de ce qui relève de la sécurité des enfants et des enseignants, en tous cas des conditions de travail et d’enseignement. Et ça, c’est du ressort de l’état, il devenait légitime de s’en mêler. Début mars il y a donc eu cette volonté conjointe du Préfet et du Recteur de proposer un accompagnement.

Il était quand même nécessaire d’en passé par la loi, avec cet amendement déposé devant l’assemblée nationale le 15 février ?

Après discussion avec le Ministère, il m’a semblé opportun de demander au gouvernement à travers le texte de loi  » pour une école de la confiance « , un rapport qui permettait d’inscrire dans la loi l’obligation de l’état de remettre un rapport au gouvernement. C’est l’étape ultime pour être sûr que l’on puisse avoir enfin un état des lieux.

École : les lois s’enchaînent, le malaise perdure

Il y a pourtant déjà eu un diagnostic de fait en 2016…

Oui mais que je n’ai jamais pu récupérer. Si ce diagnostic existe, et je suis obligé de croire ceux qui disent qu’il existe, il a été fait conjointement par l’Etat et la mairie. En tant que parlementaire, je ne peux, moi, demander que des comptes à l’Etat. Si je le demandais, l’Etat serait tenu de le rendre transparent. En revanche la mairie n’est pas tenue de me le donner et, en l’occurrence, elle ne l’a pas souhaité. Donc je ne sais pas ce qu’il y a dans ce diagnostic. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, c’est du ressort du gouvernement de remettre un rapport.

Est-ce que l’on ne peut pas penser qu’il s’agit d’un état des lieux supplémentaire… et ce se dire pour quoi faire, encore ?

On peut toujours voir les choses sous un angle négatif. Mais jusque là, le raisonnement était de dire : il faut un plan d’action et de rénovation pour les écoles et on est contre le plan fait par la mairie parce que l’on ne sait pas sur quelles bases il a été construit. La première étape pour construire ce plan est donc d’avoir une vision claire de la situation.
J’aurai préféré que depuis 2016, quand Libération avait titré  » La honte de la République « , les choses aient été faites. Mais visiblement non, et aujourd’hui je me mêle d’une situation telle que je la trouve. Ce diagnostic va permettre de construire. Et j’irai jusqu’au bout, là aussi sans évidemment empiéter sur les compétences de la municipalité, en demandant pourquoi pas un plan d’aide au financement que ce soit de l’Etat, la Métropole ou le Département. Je ne sais pas qui donnera. Mais en tout cas je ferai en sorte que tout le monde ait conscience de ce plan d’aide et de rénovation, le construise et le finance. L’objectif, c’est ce qui va arriver derrière.

L’objectif est d’arriver à un plan budgétiser donc ?

L’objectif est qu’il y ait un plan construit. Que l’on sache sur la base de l’état des lieux, si l’on doit dans les trois années qui arrivent rénover 50, 100 ou 150 écoles dans l’urgence. Je n’en ai aucune idée, hormis si ce n’est que les écoles qui ne remontent pas d’informations tiennent debout et assurent des conditions de travail correct. Mais d’autres sont dans états inquiétants. Dans ma circonscription, il y a l’école Saint-Vincent de Paul, construite il n’y a pas très longtemps… mais où les enfants, en maternelle, dorment dans des dortoirs inondés. On rêve parfois.
Il faut unplan des écoles, échelonné dans le temps en priorisant les situations d’urgence, et de l’argent pour le financer. Donc oui, ça devra faire partie d’un budget prioritaire de la municipalité et si il y a besoin de faire appel à d’autres collectivités ou à l’Etat, je serai là pour mener ce combat.

Le cheminement de la loi ?

La loi va passer au Sénat fin avril, début mai.

L’amendement prévoit la remise d’un rapport fin septembre. Que doit contenir ce rapport selon vous ?

Ce n’est pas moi qui vait imposer une méthodologie au gouvernement. Il y a une séparation des pouvoirs. Moi ce que je souhaite c’est que nous ayons un rapport exhaustif et garanti par des experts. J’ai lu dans la presse que les gens commençait à râler et s’inquiéter de ce qui était demandé par les services de l’Etat à Marseille. Comme je l’ai dit il faut décoreller, c’est un travail qui s’est construit dans le temps. Quand le Préfet et le Recteur ont proposé d’accompagner la ville, nous avions convenu ensemble qu’interroger les directeurs d’école permettrait un premier recensement. Ils le font d’ailleurs au quotidien auprès de Mme Casanova (adjointe LR au maire de Marseille, déléguée à l’education). Là, nous leur avons demandé un recensement exhaustif des problèmes à travers ce fichier excel qui a été transmis à la DSDEN. Cette étape là, n’a rien à voir avec l’amendement et le rapport. Il se trouve que c’est un très bon préalable et que cela va peut-être permettre de circonscrire le périmètre en disant, si on a sur les 444 écoles, 200 écoles qui font remonter des dysfonctionnements, le rapport pourrait en déduire qu’il faut creuser le sujet avec des Experts qui viendront analyser le bâti sur un périmètre plus restreint. En attendant, les remontées d’information demandées jusqu’au 15 mars, ce n’est pas le rapport. On ne demande pas au malade de faire le diagnostic.

Mais il y a les conseils d’école qui réalisent ce travail tous les trimestres ?

Vous savez si tout cela est compilé ? Moi je n’ai jamais vu de compilation au niveau de la mairie de tout ce qui est remonté en conseil d’écoles.

Si ce n’est pas fait au niveau de la mairie, ces rapports remontent quand même au niveau des autorités académiques ?

Mais jusqu’à ce jour, l’entretien et la rénovation des écoles est une compétence municipale. Donc l’inspecteur d’académie lorsqu’il vient à un conseil d’école se préoccupe des sujets d’éducation. Il ne tient pas un cahier ou fichier sur ce qui concerne le bâti… Ils auraient pu faire le choix de contacter la mairie pour faire remonter ce fichier, oui. Mais bon, le document adressé aux directeurs est plutôt bien construit. Je trouve que c’était plutôt efficace de demander un nouveau recensement. Au moins tout sera compilé.

Avec le risque que tout le monde n’ai pas répondu en tant voulu, puisque le délai imparti était de onze jours ?

Je peux vous assurer que le DASEN a été extrêmement surpris de la rapidité avec laquelle les fichiers sont revenus. En moins de 48 heures il avait, je crois, plus d’une centaine de réponses. A mon avis, il aura au final une vision assez exhaustive.
Vous savez les directeurs d’écoles sont très en attente de ça. Parce que ce qui est extrêmement triste dans cette histoire, au-delà de ce que vivent les enfants et qui est inacceptable, c’est que toute la communauté éducative est abîmée par ça. Les gens, à juste titre, et je le dis un peu vulgairement,  » ils n’en ont rien à foutre  » de savoir si c’est du ressort de l’état, de la commune ou de la Métropole. Ce qu’ils voient c’est que leur enfants vont dans des écoles qui dysfonctionnent. A partir de là, le directeur d’écoles est toujours tenu responsable de ce qu’il se passe dans son établissement alors que ce n’est pas à lui de venir réparer le chauffage. Tout le monde est donc extrêmement demandeur d’une prise en main de la question et de ce que l’Etat protège ses enseignants et directeurs.

Que se passera-t-il si le rapport n’est pas remis le 30 septembre. Tout cela peut une fois de plus tomber à l’eau ?

Non. Cela pourrait être décalé. Mais j’avais ciblé cette date là en disant que si il y avait besoin de mettre dans le Projet de loi de finances 2020 un budget sur cette question, il était bon d’avoir un rapport, et peut-être des premières pistes de plan d’action, en septembre – octobre.

Vous parlez de dysfonctionnements ? On ne parle pas du bâti, on parle bien de gestion municipale. Qu’est-ce qui dysfonctionne selon vous ?

A mes yeux, il y a un déficit budgétaire. La ville de Toulouse investit beaucoup plus pour ses établissements que la ville de Marseille, si on le rapporte au nombre d’enfants ou d’habitants. Il y a deux fois moins d’écoles certes, et en valeur absolu, le budget éducation de la ville de Marseille est le n°1. Je suis bien consciente des choix qui sont faits, on ne peut pas dire qu’ils « négligent » l’investissement sur les écoles mais rapporté au nombre d’enfants et à la démographie marseillaise, cela manque de gestion et d’anticipation.
Au niveau primaire et maternelle, les effectifs grossissent de quasiment mille enfants par an. Cela nécessite une anticipation des besoins sur les construction par exemple. D’autant qu’avec le manque d’investissement de ces dernières année le parc s’est détérioré.
Et puis de ce que me rapportent les directeurs d’écoles, lorsqu’ils font une demande, il y a un problème d’organisation sur ceux qui mènent les travaux. Il y a quelqu’un qui vient réparer une chose, mais il n’y a pas de suivi avec celui qui va finaliser la fois d’après. Ca n’est visiblement pas coordonné.
Tout cela a traîné dans le temps et donne lieu à des dysfonctionnement de plus en plus sensibles. Je n’accuse pas la Ville de manquer de bonnes intentions, je ne leur reproche pas ça. Ils pensent bien faire mais c’est la manière de faire qui ne marche pas.

Nos confrères de la Provence ont mis en exergue il y a quelques jours, le comparatif de l’argent investi pour un élève scolarisé dans le privé et le public à Marseille. Cela vous inspire quoi ?

Ce n’est juste pas acceptable. Après, je suis en train d’essayer de retrouver ces chiffres et pour comprendre ce qu’ils veulent dire et d’où ils viennent. Parce que l’investissement des communes, c’est l’argent que donne l’Etat dans le cadre de délégations de compétences aux collectivités. Idem pour l’Education nationale puisqu’il y a un forfait donné par enfants aux communes. Et ce forfait dans le public et le double du forfait donné dans le privé. Donc, l’Etat donne deux fois plus aux communes pour qu’elles gèrent les élèves du public… Après sur le principe on le sait depuis longtemps, la ville de Marseille donne beaucoup à ses écoles privées. Ce sont des choix politiques malheureusement.

La ville a dit qu’elle allait faire appel de la décision du Tribunal administratif annulant la délibération sur le PPP ? Vous en pensez-quoi ?

Ils y tiennent à leur plan, ils ont l’impression de l’avoir fait correctement, je ne suis pas très étonné et ils iront sans doute au bout de leur démarche. Après je trouve dommage d’insister quand on a autant d’éléments contre qui prouvent que ce n’est pas la bonne option qu’on a retenu, il vaut mieux travailler sur autre chose.

Au-delà du fait que ce PPP était mal pensé, est-ce qu’un marché de partenariat vous paraît une solution légitime qui permet de régler ce genre de problème ?

Je ne suis pas figé idéologiquement sur cette question. Le seul problème, ce qu’on constate du moins, c’est que dans le rapport Public – Privé, le Public est rarement gagnant. Ce qui est compliqué dans ces marchés, c’est d’y inscrire contractuellement tout ce qui peut déraper et venir en défaveur du Public. Malheureusement, je ne sais pas pour quelle raison, peut-être une question d’accompagnement ou de compétences, les contrats se retrouvent toujours mal ficelés avec un déséquilibre qui pénalise le Public. Donc si on peut favoriser une maîtrise d’ouvrage public, j’y suis bien plus favorable.

Christophe Casanova

À qui se destine la cité scolaire internationale de Marseille ?

Écrit par Catherine Walgenwitz mardi 19 février 2019, pour La Marseillaise

http://www.lamarseillaise.fr/marseille/education/75062-a-qui-se-destine-la-cite-scolaire-internationale-de-marseille

Avec le projet de loi pour une « école de la confiance », feu vert a été donné à la création d’écoles internationales. Un projet de cité scolaire internationale est déjà programmé à Marseille, dont les travaux débuteront en 2020. Considérant que l’absence d’enseignement international à Marseille est une « anomalie dans l’une des villes les plus cosmopolites de France », en juin 2018, la Région Sud Provence-Alpes-Côte-d’Azur annonce la construction d’une cité scolaire internationale.


Dans une ville réputée pour l’état de ses écoles vétustes, Département et Ville de Marseille se mettent autour de la table avec la Région, pilote d’un projet dont l’implantation est prévue en plein cœur du nouveau quartier Euroméditeranée.Pile à l’endroit où devait être construite une université régionale des métiers prévue par l’ancienne majorité de gauche.À son arrivée à la tête de la Région, Renaud Muselier, président LR avait mis un terme définitif au Campus A, au motif que la collectivité était écartée de la formation professionnelle par le gouvernement Macron.

Recherche de mixité ?


« L’appel d’offres a été lancé et on devrait connaître le nom du lauréat du marché au second semestre et un début des travaux début 2020 », avance la Région. Ce projet est né bien avant la loi Blanquer pour une « école de la confiance ».Adopté la semaine dernière par l’Assemblée nationale, le texte prévoit la création de nouvelles écoles internationales, dont la philosophie est de « tirer l’ensemble du système vers le haut », selon le ministre de l’éducation, alors que les syndicats ont dénoncé des écoles « pour milieux favorisés ».
Paradoxe, c’est non loin des écoles et des quartiers les plus pauvres de la ville que cette réalisation verra le jour.
La structure pédagogique définie par le Rectorat d’Aix-Marseille concernera 2 100 élèves (900 à 1 000 lycéens, 700 collégiens et 400 élèves en élémentaire) et devrait s’ouvrir aux enfants du secteur. Mais combien de places leur seront réservées ? Dans ces établissements dits d’excellence qui permettront de suivre une scolarité multilingue, de la maternelle au bac, r.ien ne dit que ces écoles vont rechercher la mixité. Financés par les collectivités, ces établissements pourront aussi recevoir des fonds privés, issus de dons ou de legs. Le coût de la cité scolaire de Marseille de l’ordre de 99 352 000 euros fera l’objet d’un cofinancement entre les différentes collectivités. L’état d’esprit qui sous tend dans ces écoles de l’excellence fait craindre une concurrence entre ce type d’établissements financés par des fonds publics et privés avec d’autres collèges et lycées publics. En somme, une école à deux vitesses.

Les écoles toujours privées de moyens suffisants dans les Bouches-du-Rhône

http://www.lamarseillaise.fr/bouches-du-rhone/education/75175-les-ecoles-toujours-privees-de-moyens-suffisants-dans-les-bouches-du-rhone

Écrit par Catherine Walgenwitz pour La Marseillaise samedi 2 mars 2019 08:02

Avec 138 ouvertures de classes pour 116 fermetures,les mesures de la carte scolaire s’annoncent insuffisantes dans les Bouches-du-Rhône. Les dédoublements de classes et l’arrivée de 650 élèves absorberont l’essentiel des moyens.

Ca passe, ou ça casse. Mardi, les organisations syndicales se sont prononcées unanimement contre les mesures de carte scolaire pour la prochaine rentrée dans les écoles des Bouches-du-Rhône.

Le rôle des syndicats en comité technique académique n’est que consultatif, mais il donne le ton des conditions dans lesquelles se prépare la prochaine rentrée. Avec davantage d’ouvertures de classes que de fermetures et l’arrivée de 94 nouveaux profs, mais aussi de 650 élèves supplémentaires, globalement sur le papier tout semblait pour le mieux.

Mais à y regarder de plus près, les profs viendront à manquer, ce qui pourrait compliquer les dédoublements, après les CP l’année dernière, des classes de CE1 en éducation prioritaire. Le Snuipp-FSU, principal syndicat des enseignants du 1er degré, estime à une centaine le nombre de postes d’enseignants nécessaires pour dédoubler les classes.

Par manque de profs, la mesure phare du gouvernement ne sera pas respectée, avec 15 élèves par classe, au lieu des 12 annoncés. À Marseille, où la situation est plus tendue qu’ailleurs, le recours à de la co-intervention avec deux enseignants qui se partageront une trentaine d’élèves dans un même espace sera plus important. Une quarantaine d’ouvertures de classes ne pourront être réalisées, faute de locaux, et les élèves pourront être envoyés hors de leur secteur.

À l’école Saint-Charles (1er arrondissement), le Snuipp, décrit un contexte ubuesque avec 30 élèves de CP qui resteront sur le carreau faute de place. « Se crée une iniquité entre les écoles, entre les classes », explique Frédérique Berthet, pour le Snuipp. La situation est jugée catastrophique dans le centre-ville, mais n’épargne pas d’autres quartiers. Un phénomène nouveau constaté pour la première fois.

https://www.google.com/maps/d/u/0/viewer?mid=1KUlUg5WDhGtIgsxQJ9C_qfSFao-MeBXE&ll=43.53473379008966%2C5.152316599999949&z=10

Le tribunal administratif de Marseille annule le PPP à un milliard pour les écoles

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Le tribunal administratif de Marseille annoncé ce matin qu’il annulait la délibération du conseil municipal adopté en octobre 2017, pour un plan de partenariat public privé d’un milliard d’euros pour la rénovation des écoles.

L’annulation du partenariat-public-privé (PPP) à un milliard d’euros pour la rénovation-reconstruction de 34 écoles marseillaises est un véritable camouflet pour l’équipe municipale. Au nom du collectif contre les PPP, l’avocat et deux autres contribuables marseillais, ainsi que le syndicat et le conseil de l’ordre des architectes avaient déposé des recours pour demander l’annulation de la délibération du conseil municipal, qui avait adopté en octobre 2017, un plan à un milliard d’euros pour la rénovation-reconstruction de 34 écoles, via un partenariat-public-privé (PPP). Le 28 janvier dernier, le rapporteur public avait estimé que tout ce qui touchait au bilan et au risque financier était approximatif.


Rénovation des écoles en PPP : un échec pour la Ville de Marseille


 » Ce matin, je demande solennellement au Maire de Marseille de ne pas faire appel. Le Maire doit prendre acte de cette décision de justice, comme il doit entendre la colère et la mobilisation des Marseillais. Trop de temps a déjà été perdu sur le dossier des écoles, en souffrance depuis de trop nombreuses années «  a commmenté Benoit Payan, élu d’opposition socialiste, saluant une victoire historique.

« Victoire pour les contribuables marseillais le rapport de @jcgaudin sur le PPP écoles annulé par le tribunal administratif de Marseille. D’urgence un audit sur les 444 écoles pour un grand plan de rénovation avec aide de l’État et de l’UE », a commenté sur Twitter le conseiller municipal communiste Jean-Marc Coppola.

Pour le collectif Marseille contre les PPP,  la victoire est d’autant plus forte que le Tribunal se « prononce sur le fond et non pas sur la forme », obligeant la mairie, si elle persiste à passer en force contre ce jugement à repartir pour de longs mois de procédures.

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Rénovation des écoles en PPP : un échec pour la Ville de Marseille – Journal La Marseillaise

Article de Catherine Walgenwitz pour La Marseillaise, http://m.lamarseillaise.fr/marseille/education/74725-la-renovation-des-ecoles-en-ppp-un-echec-pour-la-ville-de-marseille

Le rapporteur public du tribunal administratif de Marseille a demandé mardi l’annulation de la délibération municipale pour la réalisation de 34 écoles en partenariat public privé (PPP). Mise en délibéré le 12 février, la décision de justice est une première victoire pour les opposants.

Le revers est de taille pour le plan école avenir, ou Partenariat public privé (PPP) du maire LR de Marseille, Jean-Claude Gaudin, dont le projet de construction-reconstruction de 34 écoles à un milliard d’euros, pourrait être menacé d’annulation par la justice.
Sans anticiper, il faudra attendre le délibéré du 12 février pour savoir si le tribunal administratif de Marseille suivra ou pas les conclusions du rapporteur public, Lison Rigaud. Mardi, elle a demandé l’annulation de la délibération du conseil municipal qui avait autorisé ce plan école d’un milliard d’euros sur 25 ans, en octobre 2017. Trois recours portés par le collectif « Marseille contre les PPP », dans une alliance unique entre contribuables marseillais, Conseil de l’ordre et syndicat des architectes avaient alors déposé en 2017 une demande d’annulation de la délibération municipale du 16 octobre 2017 autorisant le lancement de ces travaux par le privé.

Après la présentation de son rapport, Lison Rigaud, rapporteur public, est allée dans le sens des plaignants devant le tribunal administratif, affirmant qu’il est difficile de conclure que le recours au PPP « présente un bilan plus favorable que le recours à une maîtrise d’ouvrage public ». Le rapporteur a aussi suivi les plaignants qui reprochaient au montage financier de la Ville l’absence de transparence des données.
« Le procès de 20 ans d’inaction coupable »

Frédéric Thiriez, avocat des Conseils national et régional des architectes a mis en évidence les « 50 millions d’euros par an pendant 25 ans que devront payer les Marseillais parce que la Ville a été incapable de faire la moindre rénovation sur ses écoles ». Les excuses de l’urgence défendue par l’avocat de la Ville de Marseille ne tiennent pas la route, selon Frédéric Thiriez. « Ce sont 20 ans d’inaction que les Marseillais paient aujourd’hui. Un montage pour le seul profit des majors du bâtiment », ajoute-il. Si l’avis de le rapporteur n’est qu’un avis et n’engage pas la formation de jugement, il donne tout de même du poids à la bataille des opposants au PPP.
L’avocat de la Ville de Marseille, Nicolas Charrel a indiqué que cette décision pouvait être un frein à la mise en œuvre du plan de la Ville. Il a dénoncé un « procès politique », ajoutant que le plan municipal avait reçu l’avis favorable de Fin Infra, le service expert des contrats complexes et qu’il n’existait aucun plan « B » pour faire face. La Ville a annoncé attendre le 12 février pour s’exprimer. Du côté de l’opposition municipale, et au-delà avec le député FI Jean-Luc Mélenchon, tous ont salué une première victoire. L’élu communiste Jean-Marc Coppola, qui avait lancé avec son homologue socialiste une pétition alternative, a réitéré sa proposition d’un plan pluriannuel d’investissement pour les écoles.

Catherine Walgenwitz

Écoles à Marseille : les grandes oubliées

Écrit par  Marie-Laure Thomas le vendredi 11 janvier 2019 09:09, pour La Marseillaise

La préfecture des Bouches-du-Rhône a refusé de recevoir le SNUipp sur l’état des écoles de la ville de Marseille. Le syndicat compte s’adresser directement au ministre de l’Éducation nationale.


Comme une douche froide.Alors que la veille, l’école du Rouet à Marseille devait assumer seule l’inondation de quatre classes, après une rupture de canalisation au-dessus d’un compteur électrique, tout en continuant à accueillir 280 enfants, le Snuipp-FSU, principal syndicat chez les enseignants du 1er degré recevait mardi, une fin de non-recevoir de la préfecture. Le syndicat a demandé audience sur l’état des écoles marseillaises. Mais la préfecture a jugé que ce n’était pas de la responsabilité de l’État.Pour Claire Billès, secrétaire académique du SNUipp, « le mépris de la mairie et de la préfecture sur les conditions d’enseignement à Marseille est insupportable ». Le syndicat a annoncé qu’il s’adresserait au ministre de l’Éducation pour un « vrai plan d’urgence ». Ce dernier avait promis un audit des écoles marseillaises le 13 novembre sans que l’on sache aujourd’hui ce qu’il en est advenu.

Chauffage, punaises de lit, inondations…


Cette demande d’audience intervient à un moment où de nombreuses écoles sont insalubres du fait de leur vétusté.« Insuffisance de chauffage, inondations, présence de rats, de punaises de lit, l’État se désintéresse du plan lancé en 2016, face au scandale des écoles marseillaises », liste le SNUipp.Quid des sommes engagées à ce moment-là ? Un plan d’urgence avait été mis en place à cette époque, en grande partie grâce à l’aide de l’État et sera peu suivi d’effet.
Dans une ville qui a fait le choix de recourir à un partenariat public privé (PPP) confiant la construction de 36 écoles à des poids lourds du BTP, cet état d’abandon inquiète l’organisation syndicale qui rappelle son hostilité à ce principe, dont la Cour des comptes confirme qu’il est plus coûteux pour les dépenses publiques.Si la question des locaux inquiète, celle du taux d’encadrement par élève aussi. Après la réquisition par la municipalité de 154 agents en grève dans les cantines marseillaises, « du jamais vu », s’indigne le SNuipp, le syndicat enseignant dénonce un climat social dégradé. À l’instar de la CGT (lire également ci-dessous), le syndicat réclame la tenue d’une table ronde au plus vite.

Maxime Repaux : « Notre contre-projet permet à la ville de Marseille de réinvestir »

 

Écrit par  Réalisé par D.C. avec FC, paru le samedi 29 septembre 2018 11:31, sur le site internet de La Marseillaise : http://www.lamarseillaise.fr/marseille/societe/72403-maxime-repaux-des-propositions-pertinentes

Maxime Repaux est architecte membre du Syndicat des architectes du Bouches-du-Rhône au sein du collectif « Marseille contre les PPP »; il revient sur leur contre-projet pour les écoles présenté lundi.

La Marseillaise : En quoi notamment sur les délais de réhabilitation des écoles marseillaises, votre contre-projet démonte la viabilité économique du Partenariat public privé choisi par la Ville ?

Maxime Repaux : Nous regardons comme contestable le calcul des délais qui est présenté dans le rapport de la Ville. Elle s’appuie sur une différence de deux ans dans la réalisation des 31 écoles. Même si on prend les chiffres de la Ville, deux ans gagnés sur dix ou quinze ans de travaux, ce n’est pas à l’échelle de l’enjeu. Et, en plus, dans notre proposition, nous réalisons une réhabilitation lourde, ce qui veut dire que nous gardons toute la structure du bâtiment. On n’a pas à démolir, ni à faire des fondations. Nous n’avons pas tous les aléas des études géologiques préalables à une reconstruction. Donc peut-être, probablement même, en maîtrise d’ouvrage publique et en réhabilitation lourde, nous livrerons avant. A nos yeux, cette question des délais, c’est comme pour l’aspect financier, c’est sujet à interprétation et nous, nous les remettons en cause.

Peut-on comparer le Partenariat Public Privé à l’emprunt toxique qui a empoisonné les communes ?

M.R. : Un économiste dit que c’est un peu comme le crédit revolving des particuliers. C’est un surendettement des foyers qui fait que sur le moment on pense que ça va aller mieux mais dix ans après on se retrouve en faillite personnelle. La Chambre régionale des Comptes a fait observer qu’avec ce projet d’investissement d’un milliard d’euros, on était au plafond du financement et que la Ville prenait un risque. D’où la pertinence et l’intérêt de notre contre-projet qui, lui, descend dans des tranches raisonnables d’investissement. En plus, en faisant un diagnostic détaillé de notre scénario de réhabilitation lourde, on s’apercevrait qu’une réhabilitation énergétique et une reprise des cloisons au niveau acoustique suffiraient et donc, là, on diviserait la note par deux. Notre contre-projet permet à la Ville de réinvestir sur d’autres projets, culturels, les piscines, etc. Cela nécessite, a minima, de réexaminer la question. La proposition de la sénatrice Samia Ghali de consacrer un conseil municipal extraordinaire à la question des PPP est tout à fait pertinente.

Où en sont les recours déposés ?

M.R. : Trois recours ont été déposés devant le tribunal administratif par un collectif de trois citoyens marseillais, par l’Ordre national des architectes associé avec l’Ordre régional, et le Syndicat des Architectes. Nous allons demander à notre avocat d’écrire au procureur de la République pour que cette procédure soit accélérée ou alors qu’on nous explique pourquoi cela prend à ce point du temps.

Comment expliquez-vous le silence de la mairie ?

M.R. : Il y a quelques années deux écoles de type Pailleron ont brûlé, certainement par manque d’entretien, sans victimes. Le maire, qui est responsable s’il ne prend pas les décisions, a sans doute agi dans l’urgence sous l’injonction de l’État. Cela peut se comprendre mais on affirme qu’il y a d’autres solutions techniques possibles que de les détruire et de les reconstruire. Peut-être simplement des travaux de réhabilitation légère suffiraient. Il faut réexaminer cela sur la base d’un diagnostic car les décisions ont été prises sans études techniques de diagnostic et de faisabilité. Comment une mairie peut aussi vite et aussi radicalement mettre de côté tout un tas d’acteurs professionnels ? Leur erreur était de ne pas avoir pensé qu’il y aurait une opposition du monde des architectes et des bâtiments.

Réalisé par D.C. avec FC