Écrit par Emilie Davy, pour La Provence, Mercredi 05/06/2019 à 13h07 – Mis à jour à 13h17, https://www.laprovence.com/article/societe/5533389/marseille-sans-point-dombre-les-minots-de-la-maternelle-saint-pierre-etouffent.html
Marseille : sans point d’ombre, les minots de la maternelle Saint-Pierre étouffent
Les deux platanes qui abritaient la cour et les salles de classe ont été abattus, car dangereux, sans qu’aucune solution ne soit envisagée. Hier après-midi, il faisait plus de 37º dans la cour
Par Emilie Davy
37º à l’ombre à 15h45. Un mardi après-midi ensoleillé et des températures à vous donner envie de quitter le bureau pour la première plage. Oui mais ici, on est malheureusement bien loin de la mer. Plutôt du côté de la rue Pascal-Ruinat, dans le 5e arrondissement, à deux pas de la Blancarde. Très précisément collé contre le mur des salles de classe de la maternelle Saint-Pierre. Pas un brin d’air ne passe entre les quatre murs de l’école. Et le mercure ne fait que grimper, affolant les parents des 150 petits qui fréquentent l’établissement public.
“Ils ont enlevé les arbres et rebouché à la marseillaise”
Il faut dire que l’an passé, la cour bénéficiait de l’ombre de deux énormes platanes. Leur feuillage permettait de recouvrir la cour de fraîcheur et d’atténuer l’impact du soleil dans les salles de classe. Sauf que les platanes ont été abattus durant les vacances de Pâques. “Nous en avons parlé dès octobre 2018 durant un conseil d’école, se souvient Prune Serrano, parent d’élève déléguée. L’un était malade, et les racines du second trop dangereuses pour les petits. Et tout de suite, on s’est dit qu’il allait y avoir un problème de chaleur dans l’établissement. La cour, c’est une cuve entourée de bâtiments.”
Les parents ont donc pris les devants rapidement : “Nous avons tout de suite envoyé des mails pour dire notre inquiétude”, assure la maman. Mairie de secteur, mairie centrale : tous les services sont rapidement informés des craintes des familles. Mais rien ne se passe. Abattus, les arbres laissent place à deux trous “recouverts de copeaux de bois en surface en laissant le sol défoncé. Ils ont enlevé les arbres et rebouché à la marseillaise, s’emporte Prune. Ces aménagements devaient être faits pour la sécurité des enfants alors que c’est maintenant très dangereux.”Et aussi À Marseille, dans 58 % des écoles on respire un air trop pollué
“Ils vont planter des arbres à croissance rapide. Mais ils se moquent de nous !”
“Nous avons toujours demandé une solution, martèle Audrey Pontarotti-Bodrero, maman de l’école. Nous avons reçu une réponse de Danielle Casanova, (adjointe au maire de Marseille, déléguée aux Écoles maternelles et élémentaires, Ndlr) qui nous dit que rien ne sera fait pour la chaleur, que les enfants n’ont qu’à porter des chapeaux. Puis elle ajoute qu’ils vont planter des arbres à croissance rapide. Mais ils se moquent de nous !”
Les parents ont bien proposé une solution temporaire : celle de tendre des voilages de part et d’autre de la cour pour préserver les petites têtes des rayons du soleil, comme il en existe à l’école Foch. Refusé. Trop dangereux à cause du vent d’après la mairie. “On parle ici de 150 enfants qui n’ont aucun moyen de se mettre à l’abri, rappelle Prune. Danielle Casanova note qu’il ne reste que 19 jours d’école à tenir. Oui sauf que pour nos enfants c’est 19 jours de calvaire. Elle propose également de les maintenir dans la salle de sport et de faire des rotations entre les enfants. Mais c’est inacceptable !”
La situation semble donc bloquée puisque la mairie assure ne pas pouvoir trouver de solution d’ici la fin de l’année scolaire. “Ils s’en foutent de notre école, elle est laissée à l’abandon”, se désole Frédérique Navarro. À défaut de solution de la part de la municipalité, la maman assure qu’elle retirera son petit avant la fin de l’année : “Mon fils est déficient visuel. Il a les yeux très fragiles, même avec une casquette et des lunettes. Et il ne peut pas rester enfermé dans la classe non plus… De toute façon, ils ne tiendront pas jusqu’au 4 juillet.”
L’avis de Danielle Casanova, déléguée aux Écoles maternelles : “Il reste 19 jours avant les vacances, je n’ai pas de solution miracle”
Pour l’adjointe au maire de Marseille, il “n’y a pas de solution miracle“. Elle concède ainsi avoir reçu les courriers des parents, et leur avoir répondu. Mais pour ce qui est de la mise en œuvre de solutions, elle n’en a pas : “Des arbres vont être replantés à l’automne. En attendant, les espaces verts vont venir boucher les trous avec du sol souple. Il reste 19 jours avant les vacances scolaires, les petits dorment à l’heure de la cantine donc ils ne seront pas au soleil. Les autres pourront être accueillis dans la salle de sport.” Pas de solution pour Danielle Casanova. Ni miracle, ni même temporaire puisqu’elle refuse l’idée des voilages tendus : “Il y aurait une prise au vent très importante, il faudrait des points d’attache forts. Et d’après les services techniques, c’est très dangereux.” Un système pourtant mis en place à l’école Foch, à l’aide d’un arbre d’acier auquels sont tendus les fameux voilages. “Techniquement, il faut deux mois pour le réaliser, assure l’adjointe. La chaleur, c’est à peu près la même chose dans toutes les écoles. Il faut les équiper de chapeaux comme je l’ai recommandé. Les enfants sont bien au soleil quand ils vont à la plage. Alors oui, ce ne sont pas les conditions idéales, mais je n’ai pas d’autre solution à proposer.”